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« Tout ce qui fait avancer les femmes, fait avancer la société »

Dernière mise à jour : 26 nov. 2023

Gisèle Halimi


Cet éclairage a été publié pour la première fois par Pauline MONTUELLE, en novembre 2020, dans La Revue n°8.


Ces propos de Gisèle Halimi viennent ici clôturer notre étude portant sur la protection – efficace mais perfectible – de la femme par le droit pénal. Notons, que la citation sera étudiée à l’aune de considérations juridiques, mais aussi éminemment sociétales. Gisèle Halimi, décédée le 28 juillet dernier fut une avocate de renom et une ardente défenseure des droits des femmes. Compris dans un sens positif, lesdits propos viennent affirmer l’idée que l’évolution de la femme, participerait dans le même temps de l’évolution de nos sociétés ; dans un sens négatif, une société qui empêcherait l’évolution de la place de la femme, serait une société résolument archaïque. Comme ce qui a été démontré dans les propos liminaires, l’émancipation de la femme s’est faite de manière progressive : d’une société fondée uniquement sur le patriarcat, nous sommes passés à une société en recherche constante de l’égalité entre les sexes.


Les femmes, une composante à part entière de la société. Longtemps, la femme fut réduite à son destin biologique139, celui de la maternité. Ancré dans les mœurs et traditions, le rôle de la femme au sein de la société se limitait exclusivement à la sphère privée : l’éducation des enfants et la tenue du domicile conjugal.


La sphère publique était, elle, réservée aux hommes. Pourtant, la femme va peu à peu s’émanciper. Du droit de vote, au droit de travailler sans autorisation de son époux en passant par le choix – et non l’injonction[1] – à la maternité, la femme va progressivement investir le domaine public. L’arrivée de la femme dans le domaine public va alors se traduire par un large accès à l’éducation et l’instruction[2] et par conséquent l’accès à de hautes fonctions[3].


La femme devient une citoyenne à part entière au sein de la société, au même titre que l’homme. C’est ce qui fait que la société évolue vers des positions plus égalitaires. Celle-ci se doit de reconnaître chacun des individus la composant, et ce sans distinction fondée sur le sexe. On parle alors d’universalité. Face à cette recherche d’universalité, se pose la question de la place de l’homme face à l’émancipation de la femme : celui-ci participe-t-il à celle-ci ou au contraire, tente-t-il de la freiner ?


Les hommes face à l’émancipation de la femme. L’espace public étant dernièrement occupé par toutes les problématiques relatives à l’émancipation de la femme, peu de place est laissée aux hommes. Aussi, quelle place pour les hommes vis-à-vis de l’émancipation de la femme ? Benoîte Groulte, dans son ouvrage Ainsi soit-elle[4] affirmait que l’histoire de la résistance des hommes à l’émancipation des femmes est encore plus instructive que l’histoire de l’émancipation des femmes. En réaction à ces mouvements féministes, des mouvements masculinistes ont émergés, ceux-ci relevant de l’antiféminisme. Ici certains hommes sont partisans d’un retour à une saine polarité des rôles sexuels : pour que les hommes retrouvent leur virilité, il faut que les femmes retournent à leur « place naturelle ».


Pour autant l’idée n’est pas de verser dans le misandrisme[5] : si les mouvements masculinistes forment l’extrême des réactions face au féminisme, on se doit de dire un mot de l’homonisme. En effet, celui-ci est favorable au féminisme et plus globalement à l’égalité des genres, tout en étant préoccupé par certaines problématiques liées spécifiquement aux hommes.


Faire avancer les hommes ? Comme affirmé plus haut, l’espace public demeure occupé par les problématiques entourant la place des femmes au sein de notre société contemporaine. Pourtant, il est clair qu’on ne peut passer sous silence celles entourant la place des hommes.


Aussi des problématiques propres au statut de la femme semblent se refléter sur celui de l’homme : si la femme est souvent considérée comme un être faible et fragile, qu’en est-il des hommes devant être à tout prix forts et virils ? S’il est nécessaire de déconstruire ces croyances sociales quant aux femmes, il apparaît nécessaire également de déconstruire celles pesant sur les hommes ; cette déconstruction participant alors également à l’avancement de la société.


En conclusion, certes, il est indéniable que ce qui fait avancer les femmes, fait avancer la société. L’objectif n’est pourtant pas celui de partir à la chasse aux sorcières, encore moins d’aboutir à une domination féminine – au matriarcat[6] dirons-nous – mais d’aboutir à l’égalité entre les sexes. Pour autant, laquelle l’égalité homme-femme n’est pas encore acquise aujourd’hui. Si de réels progrès ont abouti ces dernières années, demeurent encore certaines inégalités[7].



Pauline MONTUELLE


 

[1] Pour une illustration dystopique du destin biologique de la femme, voir le Margaret Atwood, La servante écarlate ou la série éponyme.


[2] Sur l’injonction sociale à la maternité voir Gisèle Halimi, Ne nous résignez jamais, 2009 ; Elisabeth Badinter, Le conflit, 2006.


[3] L’éducation et l’instruction a été, durant longtemps réservée aux hommes. Pour une illustration, voir Fénelon Traité de l’éducation des filles, 1687 ou Jean Jacques Rousseau, L’Emile, 1762.


[4] Par exemple : il faut attendre la loi du 1er décembre 1900 pour que les femmes exercent le métier d’avocat (Olga PETIT est la première à prêter serment) ou encore 1946, pour voir une femme intégrer la magistrature (Charlotte BEQUIGNON-LAGARDE en est la première).


[5] Benoîte Groulte, Ainsi soit-elle, 1975


[6] Contraire de la misogynie : haine des hommes.


[7] Régime social dans lequel la femme possède un rôle décisionnel prépondérant.


[8] Un exemple simple : l’égalité salariale n’est pas encore complètement acquise. A compétence et responsabilité égales, la rémunération de la femme est inférieure à celle de son homologue masculin. Chaque année, à partir du 4 novembre, la femme travaille « gratuitement ».


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