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Interview de Mme Tiphaine Dourges, doctorante

Dernière mise à jour : 19 nov. 2023

La vie de doctorant en trois mots

Riche, variée, compliquée.


Quelles raisons vous ont conduites vers le choix du doctorat ?

Alors que je n’avais presqu’aucune idée de ce à quoi m’attendre lorsque je me suis inscrite en première année à la Faculté de droit de Bordeaux, j’ai très vite acquis un goût prononcé pour la matière juridique et la réflexion juridique. Cela s’est renforcé jusqu’en fin de première année de Master, année durant laquelle j’ai commencé à me poser la question d’un doctorat. De plus, étudier est une activité que j’apprécie en elle-même, le doctorat était donc un bon moyen de continuer encore quelques années. Il s’agissait également d’un défi personnel. Mener un tel projet à son terme me paraissait difficile. L’expérience du mémoire de recherche en Master 2 m’avait laissé un sentiment mitigé et je n’étais pas certaine d’être capable de mener une recherche sur un plus long terme. J’ai voulu me prouver que je pouvais le faire. Enfin, l’enseignement a souvent été un métier présent dans un coin de ma tête, c’est une idée qui m’a suivi en arrière-plan jusqu’à la fac. Le doctorat me permettrait d’être enseignant-chercheur à l’université.


Quel a été votre parcours ?

J’ai un parcours scolaire et universitaire très classique. Après mon Bac S, j’ai enchaîné mes trois années de Licence à Bordeaux. J’ai choisi de poursuivre à la Faculté de droit de Bordeaux en Master 1 Droit pénal et carrières judiciaires avant d’intégrer le Master 2 Droit pénal recherche, Master 2 rattaché à l’Institut de Sciences criminelles et de la Justice.


Quel est le sujet de votre thèse ?

Mon sujet s’intitule « Répressions pénale et extra-pénales en droit comparé français et canadien : contribution à la théorie générale du droit répressif ». Je tente de démontrer qu’il existe une notion unitaire de répression en droit, par-delà les diverses expressions de sanctions punitives que l’on peut trouver dans de multiples matières, et cela soit en droit français et en droit canadien. En outre, je tente de construire, à partir de la notion unitaire de répression, une coexistence cohérente des différents mécanismes répressifs dans les droits français et canadien.


Quelles qualités estimez-vous essentielles pour faire un doctorat ?

Je ne peux parler qu’au regard de ma propre expérience du doctorat : la curiosité intellectuelle et l’ouverture d’esprit, la persévérance, une grande autonomie et une forte capacité d’adaptation.


Souhaitez-vous enseigner suite à votre doctorat ?

Oui, je souhaite enseigner à l’université à la suite de mon doctorat. Parmi les matières qui m’intéresseraient à enseigner figurent le droit pénal général, la procédure pénale, particulièrement la partie sur les grands principes et la responsabilité civile. J’aimerais pouvoir enseigner de nombreuses autres matières, assez diverses, mais je pense à celles-ci plus spécifiquement car elles ont eu une influence déterminante dans mes affinités avec le droit et dans le choix de mon parcours.


A quoi ressemble une journée/semaine type ?

Personnellement je n’ai pas de journée ni de semaine type. L’organisation de mes journées est très variable selon les périodes. Mais il s’agit de mon expérience personnelle, ce n’est pas le cas de tous les doctorants.


Des conseils à donner à un élève souhaitant se tourner vers le doctorat ?

Je lui conseillerais tout d’abord de se demander pourquoi il souhaite faire un doctorat. Les raisons pour lesquelles on choisit cette voie ainsi que les objectifs qui soutiennent un tel projet sont fondamentaux pour le mener à son terme. C’est à eux que l’on se raccroche en cas de difficultés et dans les périodes de doutes. Je lui conseillerais également de s’y prendre en avance dans la construction de son projet. L’idéal est de se renseigner au début du Master 2 auprès de ses directeurs de Master, puis de son directeur de mémoire, afin de connaître les exigences du parcours doctoral. Discuter avec des doctorants pour comprendre la réalité du doctorat en droit est également important. Cela permet aussi d’anticiper les questions du financement de la thèse car effectuer une thèse non financée n’est pas impossible mais se révèle très compliqué et il faut en être particulièrement conscient.


Quels sont les avantages et les inconvénients du doctorat ?

Le parcours doctoral se révèle être est une période d’épanouissement intellectuel et personnel, riche en rencontres et en expériences. Pour autant, elle est faite de multiples doutes, sur soi, sur son travail, sur ses objectifs et l’on s’y sent parfois seul alors même que l’on peut travailler avec d’autres doctorants qui vivent la même expérience que nous. Ensuite, s’agissant du diplôme lui-même, le doctorat en droit a l’avantage d’ouvrir de nombreuses voies professionnelles autre que l’enseignement et la recherche universitaires. Si l’on est ouvert sur ses choix de carrière et que l’on se renseigne suffisamment, je pense que l’on peut trouver de belles opportunités extérieures à l’université.


Avez-vous des appréhensions ou des attentes particulières à l’égard du métier de professeur des Universités ?

Mes appréhensions se situent pour le moment au niveau des recrutements. Il y a un nombre très limité de postes ouverts chaque année, que ce soit pour la maîtrise de conférences ou le professorat (le concours de l’agrégation n’a lieu qu’un an sur deux car c’est une année en droit privé et une année en droit public). Il n’est pas rare de ne pas être recruté la première année après avoir obtenu son diplôme de doctorat, ni même la deuxième et il faut pouvoir vivre et améliorer son CV pendant cette période, tout en préparant les nouvelles périodes de recrutements et concours. Il y a des possibilités intéressantes pour combler cette période de transition mais ce n’est jamais facile à vivre d’après les retours d’expériences que j’ai pu avoir de la part de docteurs en attente de postes. Il se peut que l’on ne soit pas recruté ou agrégé et que l’on ait à changer d’ambition. Sur mes attentes, concernant la profession elle-même, j’espère avoir la possibilité de mettre en place des idées innovantes sur le plan pédagogique. J’aimerais pouvoir proposer aux étudiants de nouvelles façons d’apprendre certaines matières et éventuellement proposer de nouveaux cours.




Nous remercions Mme Tiphaine Dourges pour avoir bien voulu répondre à nos questions


Cette interview a été publiée pour la première fois dans la revue n°4, en mars 2019

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